17 avr. 2020

Les auteurs.trices prennent la parole : Laurent Souillé #2


Hello les lecteurs, j'espère que vous allez tous très bien malgré la situation ! Je profite de ce confinement pour remettre le blog à jour, et surtout, pour vous proposer du contenu un peu différent. Récemment, j'ai adoré ma lecture de l'album Milo L'ours polaire de Laurent Souillé et Juliette Lagrange.

Réseaux sociaux : Facebook Azuro le dragon bleu / Instagram : azurobleu

J'ai adressé quelques questions à l'auteur Laurent Souillé qui m'a très gentiment répondu. Je vous laisse découvrir ses réponses très complètes! 

✦ Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis est né en 1974 en Seine-Saint-Denis. 
Je scénarise des albums jeunesse parfois en solo, la plupart du temps avec mon frère jumeau Olivier. 
Je suis ambassadeur de l’association Autour des Williams qui sensibilise petits et grands au syndrome de Williams, une maladie génétique orpheline qui touche des milliers d’enfants de par le monde. Je vous invite d’ailleurs à faire un tour sur le site www.autourdeswilliams.org

✦ Quelles sont vos passions ? 
Elles sont multiples…
Le sport fait partie intégrante de ma vie. Même pendant le confinement, j’essaye de m’entraîner un minimum. 
Je suis un enfant de la télé. J’adore regarder des dessins animés et des films. Cela peut paraître surprenant mais la télévision a participé fortement au développement de mon imaginaire et mon envie de raconter des histoires. 
Je suis un grand amoureux du dessin. Je suis incapable de dessiner mais je me plais à regarder pendant des heures des illustrations originales et des pages de bande dessinée notamment à la Galerie Daniel Maghen au 36 rue du Louvre à Paris. Il est clair que je n’écris pas par hasard des histoires pour des albums illustrés.

✦ Avez-vous un livre et/ou un auteur préféré ?
La lecture est évidemment une autre de mes passions. 
Mes auteurs ou écrivains favoris œuvrent dans le livre jeunesse, la bande dessinée, la nouvelle ou le roman. 
J’adore Marcellin Caillou de Jean-Jacques Sempé, les livres de Roald Dahl illustrés par le formidable Quentin Blake, les albums pour enfants de Tomi Ungerer et de Pef, Harry Potter de J.K Rowling, Astérix et Oumpah-Pah de René Goscinny et Albert Uderzo, Gaston Lagaffe de Franquin, les BD de Will Eisner Le Magasin des suicides de Jean Teulé, les Contes Macabres d’Edgar Allan Poe illustrés par Benjamin Lacombe, Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, les polars de Michael Connelly, Marche ou crève de Stephen King, Legend de David Gemmel… 
La liste de mes ouvrages favoris est loin d’être complète.

✦ Quel livre est actuellement présent sur votre table de chevet ?
La griffe du chien de Don Winslow. Il est posé sur L’Ecume des jours de Boris Vian, illustré par Paul et Gaëtan Brizzi.

✦ Avez-vous un autre projet en cours ? 
J’en ai plusieurs avec mon frère.
Notre ami, l’illustrateur Jérémie Fleury, finalise le tome 10 de la série Azuro le dragon bleu publié aux éditions Auzou tandis que nous scénarisons les tomes 11 et 12 qui sortiront en 2021. Avec Jérémie et Olivier, nous collaborons également avec le studio La Chouette Compagnie sur le projet de série animée Azuro
Nous finalisons aussi l’écriture de deux one-shots avec deux équipes éditoriales formidables. Un album jeunesse aux éditions Kaléidoscope avec Camille et Sarah. L’autre aux éditions Auzou avec Sarah et Damien. 

✦ Écrivez-vous seulement pour la jeunesse ou bien également pour les adultes ? Si seulement pour la jeunesse, pourquoi ne pas écrire pour les adultes ?
Pour l’instant, j’écris seulement pour la jeunesse. Par goût bien sûr mais aussi en raison de mon activité professionnelle qui me prend énormément de temps et d’énergie. Je profite du confinement pour me lancer dans un projet de BD. Il s’agirait d’une série très noire qui ne serait pas pour le coup accessible aux enfants. J’aurais grand plaisir à m’adresser à un public adulte. 

✦ Préférez-vous écrire un roman ou un album pour la jeunesse ? Pourquoi ? 
Jusqu’à présent, je n’ai écrit qu’un petit roman, illustré par le talentueux Paul Mager, qui s’appelle Moi, Ernest… , publié aux éditions Des Ronds dans l’O. J’ai eu beaucoup de plaisir à le faire. Il parle de mon amour de l’écriture et de la différence. 
Mais, comme évoqué au-dessus, après une longue journée ou nuit de travail, il m’est parfois impossible de prendre la plume. Depuis deux ans, j’ai très envie d’écrire un roman policier destiné aux adultes. Cependant, je ne me vois pas me lancer dans une telle aventure. J’attaquerais un véritable marathon d’écriture en sachant que je n’aurais pas la force de franchir la ligne d’arrivée. 
Et, écrire des albums pour la jeunesse, c’est la chance de voir mes mots prendre vie à travers de magnifiques illustrations. Pour l’amoureux du dessin que je suis, c’est forcément magique.

✦ Dans quelles conditions écrivez-vous ? 
J’écris la journée ou le soir en fonction de mes horaires de travail. 
Si j’ai une idée qui me semble intéressante, je la note sur mon téléphone portable. Il m’arrive même de la développer sur ce support. Je rédige alors la narration, le découpage, des dialogues. Je continue ensuite sur mon ordinateur portable. 
Je n’écris jamais dans le silence. Je travaille en musique ou je mets la télé. Il me faut un bruit de fond sinon mon esprit se disperse. 
Lorsque j’écris avec mon frère, c’est un véritable échange d’idées, une sorte de ping-pong. Le côté jumeau fait que l’on a souvent la même idée en même temps. Bien entendu, il arrive que l’un de nous sèche. Dans ce cas, c’est l’autre qui va lancer une piste, l’autre va rebondir dessus... La série Azuro le dragon bleu en est un parfait exemple. Le tome 3 est principalement basé une de ses idées, le tome 2 sur une des miennes. On se complète parfaitement, on a beaucoup de chance.

✦ Que pensez-vous des blogs littéraires ?
Les blogs littéraires concourent à mettre en lumière des albums, des auteurs et des illustrateurs. Ils sont devenus de véritables acteurs du livre jeunesse et c’est une très bonne chose. Le livre jeunesse a besoin de visibilité.
Et, lorsqu’un blog littéraire publie une jolie chronique sur un de mes albums, ça me fait chaud au cœur. C’est un véritable rayon de soleil qui m’encourage à continuer.

✦ Avez-vous un conseil à donner à quelqu'un qui aimerait se lancer dans l'écriture d'un album?
Dans un contexte éditorial, l’écriture demande beaucoup de travail. Mais, comme pour le dessin, il faut écrire avant tout par passion et envie. C’est tellement jubilatoire de donner vie à des personnages et des univers. 
Si vous voulez écrire des histoires pour enfants, le mieux est d’aller faire un tour chez votre libraire préféré et d’observer les différentes collections, les différents éditeurs, voir quel type de livre ressemble à ce que vous souhaitez faire. Le livre est un objet qui se présente sous de multiples formes. Tout est possible et surtout dans la littérature jeunesse. 
Et, pour commencer, je vous inviterai à trouver un sujet qui vous correspond, qui vous ressemble. Je parle essentiellement de la différence dans mes livres parce que depuis tout petit, je me sens différent des autres. Ayant un frère jumeau, j’ai considéré que j’étais différent des autres et ce sentiment nourrit encore mes écrits aujourd’hui. 


MILO L'OURS POLAIRE

✦ Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire l'album Milo l'ours polaire
Je rêvais de voir un ours polaire déambuler au milieu des New-Yorkais. 
J’aime tellement cette ville et je trouvais cette situation tellement insolite. 
J’imaginais donc cet ours polaire quitter sa banquise, plutôt tranquille et aux couleurs douces, pour rejoindre cette ville, qui ne dort jamais et brille de mille feux. 
Il ne me restait plus qu’à en imaginer la raison. Et ce n’était pas le plus simple :) 

✦ Cette histoire est-elle inspirée de votre vécu, d'anecdotes personnelles ?
La réponse tient dans ma dédicace : Pour ma fille Mathilde qui, comme Milo, a vu New York avec les yeux et le cœur d’un enfant.
Milo est le reflet de ma fille lorsqu’elle a découvert la Big Apple. 
Il n’y a aucune méchanceté en lui. Il est naïf et contemple avec émerveillement ce monde qui ne ressemble pas au sien. Il a néanmoins un caractère trempé. Il refuse de se battre.  
Et, une fois encore, j’évoque la différence. Tous les ours polaires veulent se battre. Mais pas Milo. Il préfère comme ma fille observer les étoiles. 

✦ Comment se passe concrètement l'élaboration d'un album ? (le format, le choix de l'illustrateur...etc)
Pour Milo l’ours polaire, j’ai adressé l’histoire à celle que je considère comme mon éditrice, Camille des éditions Kaléidoscope. L’histoire lui ayant plu, elle m’a fait un premier retour pour que je la retravaille. Après plusieurs navettes, le texte a été enfin validé.
A la différence du précédent projet où la dessinatrice Eléonore Thuillier avait adressé l’histoire Lubin pourfendeur de dragons (ou presque) aux éditions Kaléidoscope en disant qu’elle souhaitait l’illustrer, je n’avais pas d’illustrateur ou d’illustratrice pour Milo l’ours polaire.
Camille m’a proposé d’envoyer le texte à Juliette Lagrange. J’ai regardé son travail et j’ai trouvé son trait et ses couleurs magnifiques. J’ai donc donné mon feu vert et j’ai attendu sa réponse. Elle a accepté. J’en étais très heureux. 
Juliette m’a contacté via les réseaux sociaux et on a discuté du projet. J’ai été de suite conquis par sa gentillesse et sa curiosité. 
Pour le format, je n’ai pas été consulté et c’est très bien. Les décisionnaires ont été Juliette et Camille. Au final, le format choisi me plait énormément. Il met parfaitement en avant les superbes illustrations de Juliette. 
Je n’ai fait quasiment aucun retour sur les images. Camille m’a demandé une fois ou deux si je préférais tel ou tel plan. Je ne suis quasiment pas intervenu. J’ai juste fait enlever un élément sur la couverture. Juliette est très pro, il n’y avait rien à redire. J’ai eu d’ailleurs la chance de visiter son atelier et de voir ses illustrations. J’en ai pris plein les yeux. C’était à tomber par terre ! Milo peut se féliciter d’avoir Juliette comme maman. :) 

✦ En combien de temps avez-vous écrit cet album ?
J’ai mis des années pour l’écrire. Comme je le disais plus haut, je suis un auteur qui exerce cette activité en marge de son activité professionnelle. J’ai été longtemps bloqué sur cette histoire. A cause de mon boulot, je finissais par l’oublier puis au gré de recherches sur mon ordinateur, je finissais par la retrouver avant de la perdre à nouveau de vue. J’ai finalement réussi à écrire un truc qui me semblait pas mal. N’ayant pas de recul sur mon travail, j’ai soumis le texte à mon frère jumeau et mes amis Loïc Jouannigot et Frédéric Pillot. Tous m’ont encouragé à le présenter à un éditeur. J’ai donc sauté le pas et Camille a adopté Milo. On a fait un super travail ensemble. Je la remercie encore. Ses retours sont précieux.

✦ Que voulez-vous transmettre à travers l'histoire de Milo ?
L’histoire de Milo l’ours polaire est une ode au pacifisme et à la bienveillance.
Mais pas seulement.
Les illustrations délivrent également des messages si on y prête bien attention. 
J’avais demandé à Camille et Juliette si elles étaient d’accord pour que l’on montre à travers  les illustrations les dégâts liés au réchauffement climatique. 
Ainsi, si les petites lectrices et petits lecteurs observent attentivement, ils constateront que la banquise a énormément rétréci entre le début et la fin de l’album. 
En cette période difficile où le coronavirus impacte durement nos vies, nous devons prendre enfin conscience de l’origine écologique de nombre de catastrophes. 
C’est bien dommage que les médias n’en parlent pas. La crise du coronavirus est sans doute une crise écologique de plus.
Il est grand temps que l’on prenne soin de notre belle planète bleue. C’est même une question de survie. 
Prendre soin de Milo et de ses amis, c’est prendre soin de nous !


J'espère vraiment que cette interview vous aura plu et vous aura donné envie de découvrir Milo l'ours polaire ou encore Azuro le dragon bleu! A votre clavier, dites-moi dans les commentaires de qui vous aimeriez lire une interview !  ♡

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